Naissances planifi ?es ou boom garanti

lundi 15 mars 2010,par Jean Bosco Nzosaba

La démographie est décidément galopante au Burundi. L’envolée ne se contiendra que par des naissances planifiées. Selon Dr Georges Gahungu, directeur du Bureau de coordination du Programme national de santé de la reproduction (PNSR), la population burundaise risque de doubler, en passant de 8 millions à 18 millions d’habitants en moins de 20 ans. Des mesures de planification des naissances doivent donc être urgemment appliquées en vue de stopper cette explosion démographique. Il l’a récemment signalé dans le cadre d’un atelier média sur les activités de la semaine nationale de santé de la reproduction, édition 2010. L’atelier se tiendra du 15 au 20 mars prochain. Mais même si le taux d’utilisation des méthodes contraceptives modernes reste faible au niveau national, des avancées ont été observées ces dernières années, passant de 2,7% en 2000 à 13,7 % en 2009. De plus, une femme sur deux accouche dans les établissements de santé et cela réduit sensiblement la mortalité maternelle et infantile. Dr Gahungu a déploré le comportement de la population de certaines provinces comme Mwaro, Gitega et Cankuzo qui ont reculé en 2009 quand d’autres ont progressé au niveau de la planification familiale. De l’avis du démographe Evariste Ngayimpenda, la question démographique est instrumentalisée. En effet, a-t-il explicité, les crises répétitives rendent le débat démographique suspect, la logique électorale s’en mêle aujourd’hui et la tyrannie du court terme hypothèque le débat sur les questions de long terme. De par la culture burundaise, le sujet reste très délicat surtout que le suffrage populaire est devenu la source de légitimité politique, a-t-il renchéri. Dès lors, aborder cette question revient à aliéner les suffrages, et très peu de leaders politiques sont prêts à prendre le risque, mais en prennent d’autres plus importants. Il s’agit de l’augmentation du nombre d’analphabètes malgré les efforts de scolarisation, des sans terre, des conflits et crimes fonciers, des mal nourris, des malades et de la réduction du capital humain malgré l’augmentation du nombre d’hommes, qui ne seraient que pour la plupart des consommateurs, a expliqué M. Ngayimpenda. En revanche, une population nombreuse est un atout solvable si elle est bien encadrée, bien nourrie, bien soignée et bien éduquée. Ce démographe a énuméré de multiples défis liés à cette croissance démographique. Il présage un risque de conflit intergénérationnel dû à une arrivée massive de nouvelles générations sur le marché de l’emploi et soulève le problème de la gestion des carrières et retraites. Le faible niveau d’investissement est en outre responsable de l’exode de cerveaux qui prive le pays de ses compétences et donc des possibilités d’accroître les richesses. Pour lui, l’indice synthétique de fécondité de six enfants par femme est dû à beaucoup de facteurs synergiques. C’est notamment le mariage universel (97% se marient), peu de divorces et remariages fréquents, les mariages illégaux, nombreux et précoces, la mentalité nataliste et la faible prévalence contraceptive, la forte mortalité infantile et la ruralité (89% vivent en dehors des villes), l’analphabétisme ainsi que l’influence des religions. La population burundaise est estimée à plus de huit millions d’habitants sur 25.950 kilomètres carrés (km²) de superficie émergée avec une densité moyenne de 300 habitants au km². Selon les communes, cette densité varie du simple au quintuple de 120 à 650 habitants par km², a-t-il encore fait noter.

 

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