Les parlementaires ?changent sur les m ?canismes de justice transitionnelle

mardi 15 décembre 2009,par Jean Bosco Nzosaba

Le parlement du Burundi en collaboration avec l’Association des parlementaires européens pour l’Afrique (AWEPA) a organisé, le 14 décembre 09, à Bujumbura, un atelier d’échanges sur les mécanismes de justice transitionnelle. Les travaux ont été ouverts par l’honorable Pie Ntavyohanyuma, président de l’Assemblée nationale du Burundi. Députés, sénateurs, membres des corps de défense et de sécurité, membres des partis politiques, professeurs d’universités, hauts cadres des ministères, représentants des confessions religieuses et autres représentants de la société civile, aucune sphère sociopolitique n’était en reste. Dans son exposé de circonstance, le Pr émérite Luc Huyse de l’Université catholique de Louvain La Neuve, a indiqué qu’il n’y a pas de paix sans justice. « Les poursuites sont un devoir moral envers les victimes, et il faut individualiser les culpabilités, mais la justice punitive peut être en contradiction avec la culture d’une société. Lorsque les tribunaux locaux déclarent forfait ou échouent, c’est la communauté internationale qui doit prendre le relais. Plusieurs instances de la communauté internationale donnent une priorité presque totale à la justice rétributive en cas de crimes de guerre, de génocide et des crimes contre l’humanité qui échappent en grande partie aux autorités nationales, selon le Pr Huyse. Dans d’autres cas, on peut choisir l’amnistie ou des rituels traditionnels de justice et de réconciliation. L’amnistie a été prise au cours des six, sept dernières années dans plusieurs pays comme l’Algérie, l’Angola, le Congo, l’Ouganda et le Timor Oriental. L’amnistie est souvent accordée pour avoir enfin la paix car celui qui doit céder le pouvoir ou la force par les armes est souvent encore suffisamment fort pour rendre impossible une transition sans violence. Néanmoins, l’amnistie représente la voie du moindre mal et est une manière controversée d’affronter le passé  », a-t-il expliqué. Le conférencier a, cependant, ajouté que dans ce cas, il n’y a pas une garantie de réconciliation. En outre, un dignitaire politique n’a pas la compétence d’accorder le pardon à la place des victimes. Les rituels traditionnels apportent une valeur ajoutée dans la confrontation avec un passé violent, mais ne conviennent pas pour traiter de nombreux crimes graves. Pour le Pr Huyse, le défi crucial se situe dans la recherche d’un équilibre entre le désir de justice et le besoin de prudence politique, sociale et culturelle. Il convient de prendre en compte l’ensemble des coûts et profits, tant politiques, sociaux, moraux et culturelles.

 

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