SUR LES APE.

Des Accords source de d ?saccords

vendredi 17 octobre 2008,par Jean Bosco Nzosaba

Le Réseau des Organisations de la Société Civile pour le Suivi des APE et la Sécurité Alimentaire demande au gouvernement de ne pas signer, en l’état, les Accords de partenariat économique avec l’Union européenne (APE). Soupçonnés de favoriser l’entrée des produits européens sur leur marché et de priver le pays de ses rentrées fiscales, les APE font peur. Au Burundi et dans la plupart des pays africains. La société civile a ainsi mis en branle toute une batterie d’actions de lobbying et de plaidoyer pour refuser, en synergie, ces accords. Le 17 octobre 2008, elles ont organisé une conférence de presse pour faire le topo sur l’état des lieux de ces accords. Selon Ernest Manirumva, vice-président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques, ces prévoient une ouverture totale du marché africain aux produits européens sans aucune barrière douanière. « Aujourd’hui, nos Etats sont aveuglés par l’aide de l’Union Européenne que prévoient ces accords dans un premier temps ; mais c’est un leur car cette aide sera supprimée en 2020 et c’est les générations futures qui vont payer ce lourd tribut  », explique-t-il. Aujourd’hui, l’opinion s’interroge sur la position du gouvernement par rapport à cette question liée aux ACP. De l’avis de Déogratias Nzunogera de l’Observatoire de l’Action Gouvernementale, la position du gouvernement n’est pas trop connue. « A vrai dire on ignore encore sa position, mais ce qui est certain est qu’il a paraphé les APE intérimaires dans le cadre de la EAC  », déclare Déogratias Nzunogera. Fin octobre 2007, le Forum pour le renforcement de la société civile (Forsc) au Burundi qui regroupe des dizaines d’organisations, avait adressé un mémorandum au président de la République, pour lui demander de ne pas signer à la date prévue, le 31 décembre prochain, les Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne (UE). Les APE impliquent la levée de toutes les préférences commerciales existant entre l’UE et le groupe des ACP depuis 1975, et, pour se conformer au critère de non-discrimination en matière commerciale comme le recommande l’OMC, ils sont ouverts à tous les pays en voie de développement, enlevant ainsi au groupe des ACP son statut de partenaire privilégié de l’Union européenne Les négociations sont en cours depuis 2002, mais le débat est toujours confiné aux experts et, dans bien des pays africains, le citoyen moyen ignore tout du sujet. C’est le cas au Burundi, où seules les organisations de la société civile mènent campagne contre la signature des APE. Ces associations insistent sur le déséquilibre et les pertes économiques qu’occasionnerait une ouverture totale des échanges commerciaux entre le Burundi et l’Union européenne. Mis à part quelques cultures de rente (café, thé, coton) et, dans une moindre mesure, ses fleurs, ses fruits et ses légumes, le pays n’a en effet quasiment rien à vendre à l’UE. Dans l’autre sens, par contre, cette libéralisation risque de priver le pays de près de 40 % de ses recettes douanières jusqu’ici prélevées sur les produits de l’UE qui entrent chaque année sur le marché burundais. Le point d’ancrage de la Commission européenne est la libéralisation totale, alors que celui des pays ACP est le développement. Les deux volets restent les grandes articulations des APE.

 

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