LES EVEQUES CATHOLIQUES.

Les ?v ?ques catholiques plut ?t inquiets.

lundi 16 juin 2008,par Jean Bosco Nzosaba

Vue sous le prisme de l’Eglise catholique, la situation politique, sociale, économique et sécuritaire frise le désespoir, au Burundi. Dans un épais discours adressé le 12 juin dernier, à tous les chrétiens qui se réclament de cette confession, les sept évêques catholiques du Burundi brossent la situation du pays sous tous les aspects, en soulignent doublement les signes d’espoir et d’inquiétude, avant d’adresser leurs différents conseils aux dirigeants, à la population en général, aux partis politiques et aux élus.

Mais de manière générale, ce discours rédigé en kirundi (langue nationale) cache mal l’inquiétude de ces illustres prélats face à une situation globalement délétère. En guise de préambule à leur propos, il ressasse les péripéties des quinze dernières années, de la constitution de 1992 (pluralisme démocratique) aux élections de juin 2005. En passant par les accords d’Arusha et bien d’autres compromis qui ont suivi. Ils embraient ensuite sur les signaux positifs, source naturelle d’espoir. C’est notamment l’esprit du dialogue qui a pris le dessus sur le forcing et la loi du plus fort, le cessez-le-feu signé entre le gouvernement et le dernier mouvement rebelle (FNL), l’aversion ethnique qui se dissipe progressivement, les mesures présidentielles qui sont de nature à alléger les souffrances de la population, etc. Mais toutes ces avancées risquent d’être submergées par le flot de dérapages autrement plus nombreux.

Et c’est précisément ce qui inquiète les signataires dudit discours. Car ils se disent profondément stupéfaits face à l’absence d’un leadership éclairé, capable d’aider le pays à remonter la pente. Ils regrettent aussi que la classe politique burundais ne soit pas à la hauteur des enjeux du moment, et que la quasi-totalité des partis politiques soient traversés par des courants de divisions internes alors que les circonstances exigent plutôt une coalition autour des mêmes objectifs de paix, de démocratie, de droits de l’homme et du développement. En outre, les évêques catholiques s’inquiètent de la lenteur des négociations entre le FNL et le gouvernement.

D’autres inquiétudes tiennent au dysfonctionnement institutionnel, à la timide politique de désarmement, à la résurgence des critères de favoritisme et régionalisme dans les recrutements, etc. C’est en raison de tous ces signaux de détresse que les évêques demandent aux dirigeants de se ressaisir pour mettre en avant un idéal de démocratie qui justifie leur mandat. Ils demandent aussi à l’opposition politique d’être plutôt constructif au lieu de s’attacher aux intérêts bassement matérielles.

 

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