AFRIQUE – CHINE : le business avant tout

mercredi 18 juillet 2012,par Jean Bosco Nzosaba

La Chine a aussi son sommet avec l’Afrique. Il porte la dénomination « Forum de coopération sino-africaine (FCSA)  ». Le 19 juillet, s’ouvre, en principe et pour deux jours, la 5e édition de ce forum. Il est attendu que soit battu le rappel, dans la capitale chinoise, Pékin, des 50 pays africains membres du FCSA. Certains d’entre eux seront représentés au plus haut niveau par leurs chefs d’Etat. Tout un continent sera face à un pays comme on le voit avec, par exemple, le sommet Afrique-France. La différence est qu’il ne s’agit pas ici d’une ancienne puissance coloniale qui bat le rappel de ses anciennes colonies pour leur parler de développement. Avec l’Empire du milieu, c’est tout autre chose. En effet, on a ici une puissance économique qui cherche à commercer avec un continent doté d’un riche potentiel mais qui, malheureusement, semble ne pas en avoir une claire conscience. Il s’agit également d’une puissance en concurrence ouverte avec les pays développés occidentaux qui l’ont devancée sur cette « terra incognita  ». Venu en dernière position, le pays de Mao Tsé-toung bouscule tout dans sa recherche de partenariats avec les pays africains.

Ce qui fait du continent africain un terrain de compétition qui intéresse au plus haut point les pays développés. Et pour gagner les faveurs du continent courtisé, c’est à celui qui saura s’y prendre le mieux. La Chine, contrairement aux pays occidentaux, délie les cordons de la bourse et s’interdit toute ingérence dans les affaires internes des Etats. Il n’est pas question pour elle de lier ses soutiens financiers à la bonne gouvernance, au respect des droits de l’Homme, ou à la démocratie. Que le dirigeant en place soit un démocrate ou un dictateur, la Chine n’a d’yeux que pour ses intérêts. C’est une conception pragmatique de la coopération qui n’est pas basée sur la condescendance mais sur le respect du partenaire d’affaires. Les Chinois ont besoin de matières premières et de débouchés pour leurs produits manufacturés et ils vont là où ils peuvent en trouver sans trop de problèmes. En Afrique, ils font plus d’affaires, de business que tout autre. Pourtant, la Chine pourrait bien exercer un droit de regard sur les financements qu’elle donne au nom de l’adage qui veut que celui « qui paie commande  ». On voit toute la différence avec les autres types de coopération dont certains datent des années d’indépendance des pays africains. Comme il fallait s’y attendre, cette nouvelle façon de coopérer n’est pas du goût de ceux qui appliquent toujours les vieux schémas. D’où des critiques contre la coopération chinoise accusée de pillage des ressources naturelles des pays africains, d’accaparement de petits boulots par les immigrés chinois, d’absence de transferts de technologies, etc. Ces critiques sont peut-être fondées, mais il appartient aux Africains de fixer les termes de cette coopération pour qu’elle soit gagnant-gagnant. Il faut éviter de reproduire les mêmes erreurs, les mêmes schémas de la coopération avec des pays occidentaux durement confrontés à la crise économique et financière, dont on recherche toujours les retombées concrètes en termes de développement pour les pays et les populations. Des rencontres comme celle-là sont donc des occasions de faire les réajustements nécessaires.

In Le Pays 18/07/2012

 

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