Le parti CNDD FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces pour la défense de la démocratie), au pouvoir au Burundi, a élu samedi à Bujumbura, de nouveaux organes dirigeants lors du deuxième congrès tenu à sa permanence nationale de Ngagara, a-t-on constaté sur place. Les 1.568 congressistes présents, sur 1.600 invités, soit une représentation de 98%, ont élu le nouveau bureau national composé du président du parti, le député Pascal Nyabenda, originaire de la province Bubanza (nord-ouest), du vice-président chargé des affaires politiques, administrations et finances, M. Victor Burikukiye, originaire de la province Muyinga (nord-est), ainsi que le vice-président chargé des affaires sociales, communication, suivi, évaluation et développement, le député Joseph Ntakarutimana, originaire de la province Ngozi (nord). Les congressistes ont ensuite approuvé les noms des commissaires généraux présentés par le bureau du parti et les membres du Conseil consultatif et du Conseil des sages présentés par le président du Conseil des sages en même temps président de la République, M. Pierre Nkurunziza, selon un communiqué sanctionnant ce congrès. Après un mot de félicitation présenté par le président du parti sortant, le député Jérémie Ngendakumana, le président Nkurunziza a adressé ses encouragements aux congressistes, en insistant sur la maturité dont ils ont fait preuve pendant les travaux du congrès. Il a rappelé la part irremplaçable de la population dans l’édification du parti CNDD-FDD. Beaucoup de membres ont sacrifié leur vie ou celle de leurs enfants, ont vécu la séparation avec leur famille et la misère lors de la période de libération, a-t-il dit.

Le mouvement a aussi connu le désastre des divisions internes, mais à la suite de la tolérance de ses membres, le parti a survécu, et ses membres se sont réconciliés. L’humilité, la retenue, la modestie, la responsabilité, le courage, la détermination, le sérieux, le patriotisme, le don de soi et la solidarité avec les veuves et les orphelins ont été les grandes valeurs, socle de l’évolution du parti CNDD FFD, a-t-il insisté, expliquant que le problème n’est pas de tomber, mais celui de ne pas se relever. Selon lui, tout parti politique n’est pas l’apanage d’un seul homme, mais il appartient à ses membres. Il a regretté que le mouvement devenu entre temps parti politique a failli se disloquer à quatre reprises, et plus de 15.000 de ses membres sont morts dans le combat dont seul 10% de ceux qui l’ont commencé ont survécu. Le président Nkurunziza souhaite une démocratie qui met en avant l’intérêt supérieur de la Nation et non celui des partis politiques.

Il a recommandé la bonne cohabitation avec tous les autres partis politiques. Il a mis en exergue le rôle joué par les partenaires étrangers dans la normalisation politique du Burundi comme les leaders de la sous région, l’Afrique du sud, l’Union africaine, l’Union européenne, feu Mwalimu Julius Nyerere et l’icône Nelson Mandela, alors que certains avaient commencé à négocier à la place du CNDD-FFD. Le président Nkurunziza a tenu à remercier et féliciter la direction entrant et celle sortant du CNDD-FDD, car pour la première fois depuis 12 ans, des organes dirigeants du CNDD-FDD connaissent une alternance démocratique dans un cadre apaisé et non conflictuelle comme cela avait été le cas sous Nyangoma, Ndayikengurukiye et Radjabu. Il a gratifié à chacun des membres de la direction sortante 100 kg de farine de manioc et une vache prévue pour la prochaine fête internationale du travail. Le président sortant du parti, le député Jérémie Ngendakumana a mis l’accent sur les leçons de démocratie et de discrétion que les membres du parti CNDD-FDD ont données au Burundi et aux autres pays à l’occasion de ce congrès. Il a informé les congressistes que leur mandat a été bien accompli et qu’il ne sollicitera pas pour un nouveau. Le Conseil des sages a accordé à cette équipe une note de 70%. Le nouveau président du parti CNDD-FDD, le député Pascal Nyabenda a révélé qu’il mettra ses priorités dans l’accompagnement de l’action gouvernementale, le soutien des initiatives du président de la République, le renforcement de la paix et la sécurité, le processus de réconciliation nationale, la Commission vérité et réconciliation et la tolérance zéro contre la corruption et les malversations économiques. Les cérémonies du congrès ont été rehaussées par la participation d’autres hautes autorités, comme les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, l’Ombudsman, les représentants du corps diplomatique et consulaire accrédités au Burundi, les délégués des partis politiques des pays voisins dont le FPR Inkotanyi au pouvoir au Rwanda, le PPRD au pouvoir en République démocratique du Congo ainsi que d’autres partis politiques agréés au Burundi.

Les représentants des sections étrangères du parti CNDD-FDD venus de l’Europe, du Canada, des Etats Unis et d’Afrique ont aussi participé aux cérémonies. Lors de la conclusion de son intervention au congrès, la président Nkurunziza a demandé aux congressistes de soutenir la nouvelle équipe, caractérisée, selon lui, par la promotion de la valeur d’unité nationale et de démocratie, léguée par le héros de l’indépendance, le prince Louis Rwagasore. Même si les partis au pouvoir ne peuvent pas manquer d’ennemis, à l’image d’un chien affaibli qui sort ses crocs et mord si on prend peur et on court, alors qu’il prend fuite si on s’arrête et l’affronte, le bien vaincra le mal si le Burundi est tenace, a-t-il conseillé.