L’EAC veut commercer au-del ? de l’Union europ ?enne

mercredi 14 septembre 2011,par Jean Bosco Nzosaba

L’EAC veut commercer au-delà de l’Union européenne Wambi Michael http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp ?idnews=6685

La Communauté d’Afrique de l’est (EAC) et l’Union européenne (UE) ont repris les négociations lundi afin de résoudre la controverse sur le retard dans la signature d’un accord de partenariat économique entre les deux blocs commerciaux.

Les Accords de partenariat économique (APE) entre l’UE et le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) visent à promouvoir le commerce entre les deux groupes. Mais depuis 2007, les négociations entre l’EAC et l’UE traînent.

Des cadres de l’EAC et de l’UE se réunissent du 12 au 14 septembre à Zanzibar, en Tanzanie, afin de s’accorder sur une feuille de route pour orienter les négociations.

L’EAC et l’UE espèrent négocier les articles en suspens dans l’APE provisoire, qui comprennent les questions de taxes à l’exportation, de la clause de la nation la plus favorisée (NPF), des règles d’origine et de l’agriculture.

Les secrétaires permanents des Etats membres de l’EAC et des experts des APE avaient eu une réunion à Arusha, en Tanzanie, en juin, comme la première étape vers la reprise des négociations avec l’objectif de signer l’accord final avant la fin de 2011.

L’une des questions non résolues dans ces négociations est la clause NPF, qui oblige l’EAC à étendre à l’UE les mêmes préférences qu’elle accorde à des tiers, conformément aux accords commerciaux futurs.

Les négociateurs de l’EAC et des groupes de la société civile affirment que cette clause pourrait compromettre gravement le commerce Sud-Sud, puisqu’elle introduit des démotivations pour l’EAC de négocier des accords avec d’autres pays en développement.

Dr James Ndahiro, le représentant du Rwanda à l’Assemblée législative est-africaine, a déclaré à IPS que la clause NPF devrait être supprimée ou modifiée pour limiter son application aux accords avec les économies plus développées. "Nous craignons que les questions en suspens, si elles ne sont pas résolues et incluses dans le cadre des APE, contraignent l’EAC à de mauvaises conditions commerciales", a indiqué Ndahiro.

Sam Kasirye, un chargé de programmes à ’Southern and Eastern African Trade Information and Negotiations Institute’ (Institut des informations et des négociations commerciales d’Afrique australe et orientale), a confié à IPS que l’UE tente de se mettre à l’abri de la concurrence en insistant sur la clause NPF.

"L’UE sera le plus grand bénéficiaire de la clause NPF, parce qu’elle veut se protéger contre des économies émergentes comme l’Inde et la Chine", a affirmé Kasirye.

L’EAC et l’UE ont signé l’APE provisoire, également appelé "Cadre APE" (FEPA), en novembre 2007 afin d’éviter toute perturbation des échanges commerciaux dans l’horticulture et la pêche au Kenya, les principaux secteurs d’exportation du pays. Le Kenya, qui n’est pas un pays moins avancé (PMA), aurait perdu son libre accès au marché de l’UE puisque son accord de commerce préférentiel avec ce bloc devait expirer en décembre 2007.

Le FEPA a été signé pour éviter des pertes d’emplois dans l’horticulture, la pêche et les secteurs connexes au Kenya, ainsi que la perte de recettes par le gouvernement kényan comme conséquence de la baisse des exportations.

La société civile, les politiciens et les experts du commerce de l’EAC estiment que certaines des clauses du FEPA sont incompatibles avec les dispositions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les flexibilités accordées aux Etats de l’EAC en tant que PMA.

Les critiques de l’EPA ont levé un carton rouge contre les articles de l’accord qui portent sur les subventions, la concurrence déloyale et des politiques protectionnistes strictes.

L’un des autres problèmes non résolus est la subvention agricole accordée par l’UE à ses fermiers. L’EAC craint que des produits agricoles fortement subventionnés inondent les marchés locaux et affectent les agriculteurs locaux dans ses Etats membres.

Les membres de l’Assemblée législative est-africaine, dans une résolution en juin 2010, avaient demandé aux Etats de l’EAC d’arrêter la signature de l’APE jusqu’à ce que le FEPA soit réexaminé.

L’accord sur l’APE exigerait que le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda libéralisent les tarifs douaniers sur 82,6 pour cent des importations de marchandises de l’UE d’ici à 2033, tandis que l’UE libéraliserait tous les tarifs douaniers sur les importations de produits de l’EAC, avec des périodes de transition pour le riz et le sucre.

Kasirye a indiqué à IPS que la libéralisation des marchés de l’EAC aux produits de l’UE est l’une des questions litigieuses en cours de négociation. "L’accord peut ne pas favoriser l’Afrique de l’est s’il n’est pas bien négocié et mis en œuvre. La plupart des industries naissantes dans la région s’effondreront dès que des produits bon marché en provenance d’Europe inonderont nos marchés", a-t-il souligné.

Dr Nathan Irumba, ancien ambassadeur de l’Ouganda à l’OMC, a déclaré à IPS que les APE sont susceptibles d’avoir un impact sur les petits fermiers dans l’EAC, qui ne seront pas en mesure de rivaliser avec les agriculteurs fortement subventionnés de l’UE.

Il a affirmé que l’UE faisait pression pour amener l’EAC à signer l’accord, indépendamment des questions en suspens.

Benjamin Mkapa, l’ancien président de la Tanzanie, a averti que la signature des APE, dans leur forme actuelle, compromettrait le développement futur de l’EAC et mettrait en danger le potentiel du commerce régional et l’intégration.

Source IPS


 

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