Les dessous du conflit autour du th ? au Burundi

mardi 17 mai 2011,par Jean Bosco Nzosaba

La société Prothem s.a et l’Office burundais du thé sont en conflit ouvert. La pomme de leur discorde n’est autre que le thé en feuilles vertes. Le directeur général de l’Office du thé du Burundi (OTB), M. Alexis Nzohabonimana, a souligné, le 16 mai 11, que le conflit entre Prothem s.a et l’OTB est né avec l’ouverture de la collecte de la feuille verte par la société privée dans les plantations mises en place par l’OTB pour le compte des usines d’Ijenda et de Tora. Selon lui, cela porte gravement préjudice aux intérêts de l’OTB qui a beaucoup investi pour que ces plantations voient le jour, soient bien conduites jusqu’à ce jour et soient productives. D’après M. Nzohabonimana, le préjudice financier subi par l’OTB à cause de Prothem s.a est de 2.661.600.000 FBu que l’OTB a dépensé pour la mise en place des pépinières théicoles ayant donné lieu à ces plantations d’une superficie de 1.109 hectares (ha) seulement dans la province Mwaro (centre-ouest) où est basée la société Prothem s.a. C’est aussi quelque 600 millions de FBu des frais liés au personnel d’encadrement pendant la seule année 2010 dont 80 millions FBu pour la construction et l’entretien régulier des hangars de collecte de la feuille verte sur les points de ramassage. L’OTB a accordé les engrais nécessaires pour fertiliser les champs théicoles à crédit et au prix subventionné d’une valeur de 415.875.000 FB, a engagé 200 millions de FBu comme frais d’entretien du réseau des pistes rurales utilisées pour la collecte de la feuille verte. Selon le directeur général de l’OTB a fait savoir que l’office a payé 2,5 milliards de FBu d’impôts sur le résultat de 2010, en plus des taxes et autres impôts sur le matériel utilisé. Les conséquences majeures du conflit Prothem-OTB pourraient être le renvoi en chômage d’une partie des travailleurs avec en corollaire un fardeau pour l’OTB estimé à 3 milliards de FBu représentant le coût de leur mise en chômage. L’une des usines d’Ijenda et de Tora sera obligée de fermer et leur valeur réduite à zéro, a-t-il ajouté, expliquant que 50% de la production annuelle de l’usine d’Ijenda vient des communes de la province Mwaro, tandis que ces mêmes communes contribuent à 30% de la production annuelle de Tora. Ceci constitue une perte monétaire nette pour l’Etat qui venait pourtant de bénéficier de l’appui de l’Union européenne pour réhabiliter ces usines en vue d’en tirer un meilleur profit, au moment de leur privatisation, a-t-il relevé. Il craint que si on laisse Prothem continuer à collecter cette matière première de l’OTB, plusieurs autres opérateurs peuvent venir s’installer dans la même zone et le désordre va s’installer dans la filière thé. Le directeur général de l’OTB a affirmé au cours de cette conférence de presse que Prothem a bénéficié de la part du Programme de réhabilitation du Burundi (PREBU) d’un financement pour installer ses propres plantations théicoles, mais qu’il ne l’a pas fait correctement. Il a rappelé qu’à l’issue d’une réunion tenue le 25 janvier 2011 en concertation avec les opérateurs dans la filière thé, à savoir OTB, Prothem, Caspian, le Complexe burundo-hollandais et la société Camellia, la ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, qui joue aussi le rôle d’agence de régulation conformément au décret n° 100/08 du 13/09/2010, a pris la décision d’harmoniser le prix d’achat de la feuille verte, de collecter celle issue des plantations propres à chaque opérateur et de reboiser chacun dans son périmètre pour pallier à la carence du bois et contribuer à la protection de l’environnement.

 

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