Le grand oral du ministre en charge des transports

vendredi 25 mars 2011,par Jean Bosco Nzosaba

Le 24 mars 11, le ministre des Transports, des Travaux publics et de l’Equipement, Saïdi Kibeya, était invité au Sénat. Il était appelé à répondre aux questions orales sur l’état d’avancement de la nouvelle politique de transport administratif. L’objet de la séance des questions orales était aussi de faire une évaluation de la plus-value de la mesure de réduction du charroi de l’Etat. La commission permanente chargée des questions économiques, de l’environnement, des finances et du budget, a d’abord reconnu que cette mesure a permis de réduire les frais de réparation des véhicules de l’Etat passant de 18.609.132.532 Fbu en 2009 à 6.347.253.810 Fbu dans les prévisions de 2011, soit une diminution de 65,89%. Elle a toutefois fait remarquer que le carburant, les lubrifiants et l’assurance des mêmes véhicules ont augmenté au lieu de diminuer dans les mêmes proportions. Le coût de ces derniers a passé de 33.771.339.163 Fbu à 9.328.798.513 Fbu respectivement dans les prévisions de 2009 et 2011. Par ailleurs, les dépenses liées aux assurances n’ont pas diminué dans les mêmes proportions que les frais de réparation et d’entretien mais ont plutôt augmenté jusqu’à plus de 100%. Une autre incompréhension relevée est une nouvelle charge d’une valeur de plus de 3 milliards liée aux locations de véhicules privés qui a été supportée par l’Etat au cours de l’année 2010. Parmi les questions posées au ministre en charge des transports, c’est notamment l’évaluation de la rentabilité de cette nouvelle politique en matière de transport administratif. Les sénateurs ont aussi cherché à savoir ce qui est fait jusque là dans la mise en application des mesures d’accompagnement permettant le fonctionnement normal des institutions.

Le sénat a constaté qu’il y a des véhicules de l’Etat et des carcasses qui se trouvent dans les différents garages de Bujumbura ou aux sièges des différents services auxquels ils étaient affectés. La question que cette chambre du parlement s’est posée est alors de savoir les explications du ministre Kibeya à cette situation qui semble être source de malversation. Dans ses tentatives de réponses, le ministre Kibeya a signifié qu’il n’y a pas de procédure fiable définissant les limites des véhicules de fonction et de service. Pour les directions provinciales de l’enseignement, de l’élevage, de la santé, il a cependant noté qu’il est admis un véhicule par service ou direction générale. Cependant, a-t-il fait remarquer, aucun quota n’a jusqu’ici été fixé pour la défense et la sécurité publique ainsi que pour les services personnalisés, les établissements et sociétés publiques et les projets. Le ministre en charge des transports a tenu à préciser qu’à la date de la prise de la décision de la réforme, aucun document y relatif n’existait. Selon lui, il existe aujourd’hui un projet de politique qui présente de bonnes pistes mais qui doit être amélioré. Une autre défaillance observée est selon les indications du ministre Kibeya, l’absence d’informations sur l’état des lieux du charroi public en termes de nombre, d’identification des véhicules, de leur affectation et de leur état physique. Si l’on en croit les déclarations de M. Kibeya, la réduction désirée au début de 2010 était de 493 véhicules sur un total de 1647 véhicules recensés, hormis ceux des corps de défense et de sécurité. En juillet 2010, le ministère a dénombré 265 véhicules collectés et garés à l’Otraco et dont 250 ont subi une expertise technique pour entrer dans le processus de vente. Le processus a été jugé trop lent par le ministère du transport qui n’a malheureusement pas les compétences d’influer sur la rapidité de vente et d’évacuation du parking. La commission en charge de la question est gérée par le ministère des Finances. Il serait alors utopique pour M. Kibeya de progresser dans la réforme ni d’engager des mesures d’accompagnement sans connaissance de l’état des lieux du charroi initial, de la répartition et des besoins des différents services. C’est dans cette optique que des lois ont été adoptées et l’identification des véhicules dans les différents services est en cours de finalisation. A la question liée à la méconnaissance du charroi de l’état, il a fait savoir que la structure de la direction générale des transports n’a jamais maîtrisé jusqu’ici les données sur le patrimoine du charroi de l’état. Sans politique sur le charroi ni d’une stratégie liée a l’attribution des véhicules et la faiblesse des qualifications des agents du ministère, la situation ne pouvait être autrement, a souligné le ministre.

 

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