R ?forme de l’arm ?e : le Chef d’ ?tat-major tente un bilan

mercredi 23 février 2011,par Jean Bosco Nzosaba

Le bilan des réformes introduites au sein de la Force de défense nationale (FDN) depuis la mise en place d’un état-major intégré regroupant les anciennes forces armées burundaises (ex-FAB) et les ex-partis et mouvements politiques armés (ex-PMPA) est positif. Selon le chef d’état-major général de la FDN, le général-major Godefroid Niyombare, l’ultime objectif des innovations était une ferme détermination d’édifier une armée « républicaine  ». Le général-major Niyombare, dont la nomination à cette fonction remonte au 20 mai 2009, a rappelé que quand il a pris ses fonctions à la tête de l’état-major général de la FDN, la direction de celle-ci était déjà à pied-d’œuvre pour encadrer les membres de la nouvelle communauté militaire intégrée à « cohabiter et s’harmoniser  » sur différents points. Ce travail n’était pas facile, a dit le général-major Niyombare, en précisant que la FDN sortait à peine d’un conflit armé qui l’opposait à l’ancienne rébellion du Parti pour la libération du peuple hutu-Forces nationales de libération (PALIPEHUTU-FNL). Pour lui, le premier élément positif est que les militaires de la FDN ont donné un coup d’accélérateur au processus de paix « en aidant leurs frères  » ex-combattants du PALIPEHUTU-FNL à l’édification de la nation burundaise. Le général-major Niyombare s’est dit satisfait de constater que les ex-combattants de l’ancien mouvement armé PALIPEHUTU-FNL évoluent aujourd’hui aux côtés de leurs collègues ex-FAB et autres ex-PMPA les ayant précédés dans la conclusion des accords de cessez-le-feu avec les gouvernements de transition des années de crise. Aujourd’hui sur terrain, a-t-il affirmé, la FDN, en tant que corps intégré, est à pied-d’œuvre pour affiner davantage sa stratégie opérationnelle destinée à consolider une vision d’une structure militaire « cohérente  » et « soudée  » regroupant d’anciens belligérants. Les actions posées sur terrain par les militaires de l’armée intégrée confirment l’adhésion à « l’esprit intégrateur  », a noté le chef d’état-major général de la FDN en qualifiant une telle situation « d’encourageante  ». Le second défi relevé, selon lui, est que la FDN, de connivence avec les autres structures en charge de la sécurité, a marqué de bonnes performances en ce qui concerne la sécurisation du processus électoral de 2010 dont les résultats ont été salués par une grosse majorité de la communauté internationale. Le troisième défi est qu’au regard de la position géopolitique du Burundi au sein de la sous-région, le ministère de la Défense nationale ainsi que l’état-major de la FDN ont opté pour une nouvelle orientation à l’armée allant dans le sens de « spécialiser  » celle-ci dans les opérations de maintien de la paix au niveau international. Il a fait remarquer que la spécialisation des membres de la FDN pour opérer à l’extérieur du pays porte en lui-même un double objectif, à savoir la promotion de l’image de marque de l’armée nationale et l’échange d’expériences professionnelles puisées sous d’autres cieux. Le renforcement des capacités ainsi obtenues, a-t-il commenté, est inéluctablement une valeur ajoutée acquise en termes d’apport à la reconstruction du pays en général et des familles en particulier. Le quatrième défi est l’édification d’une armée de « production  ». Sur ce volet, a-t-il révélé, la direction de la FDN est en train de s’organiser pour encadrer et mobiliser les militaires à sortir de leurs camps, d’initier des activités génératrices de revenus. Ici, a-t-il fait remarquer, la consigne générale donnée est que les militaires, via leurs camps respectifs, soient mobilisés autour des activités de production en commençant par l’exploitation de leur environnement immédiat qu’est le domaine militaire. L’objectif ultime visé, a-t-il poursuivi, est que s’il advenait même que certains militaires renoncent à la carrière des armes pour une raison quelconque, ils soient capables de « se débrouiller  » à l’extérieur de la structure militaire. La toile de fond d’innovation, a-t-il noté, est que les militaires soient formés et initiés à divers métiers susceptibles de faciliter leur réintégration sociale une fois reversés à la vie civile. Pour consolider la construction de « l’esprit d’une armée républicaine  », le général-major Niyombare a indiqué que la direction de la FDN a dû travailler sur les « réflexes comportementaux  » pour s’inscrire dans une logique de philosophie politique d’édification d’une armée au service de la population. « Avant d’aimer la population, il faut qu’on ait soi-même ce cœur au sein de ce corps  », a-t-il martelé, en précisant que la FDN milite fondamentalement pour une intégration sociale accompagnée parallèlement par un plaidoyer sur l’impérieuse nécessité de prêcher « l’amour, la tolérance et l’entraide  » au sein de ce corps. Il a affirmé par ailleurs que le processus d’édification d’une armée républicaine, dont les jalons sont posés au jour le jour, évolue dans le sens de « cimenter  » le rapprochement d’anciens belligérants aujourd’hui « fondus  » dans une armée « unifiée  » et qui ne cesse de panser ses plaies pour « supprimer à jamais les anciens clivages  ». Il a affirmé que le processus en question sera enrichi progressivement par l’amplification de la communication aussi bien verticale qu’horizontale. Pour lui, les dividendes de la nouvelle donne seraient déjà perceptibles au niveau de la « température  » sociale de cohabitation inter-militaire où les membres de ce corps sont beaucoup « plus libres  » pour exprimer leurs « préoccupations  » ou leurs « malaises  » sur un thème donné. Interrogé sur les obstacles rencontrés sur le parcours des réformes en cours au sein de la FDN, le général-major Niyombare a indiqué que les obstacles auxquels l’on s’est heurté relèvent du « naturel humain  » et sont matérialisés notamment par des faits et gestes pour exprimer les résistances au changement. Il a précisé que la renonciation aux « anciennes habitudes  » tendant à privilégier le « diktat  » en lieu et place de « l’esprit de souplesse et d’écoute  » ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Comme le monde évolue dorénavant dans un environnement démocratique et que l’ordre reste un principe « sacro-saint  » à l’armée, a-t-il fait remarquer, le génie humain consiste à « savoir opérer un bon dosage  » des deux concepts en privilégiant la communication pour entretenir une ambiance « sereine  » et « harmonieuse  » au sein de la communauté militaire. La nouvelle philosophie insiste sur la nécessité « d’expliquer  » à celui à qui l’ordre est adressé le motif et l’avantage déontologique de l’exécuter, a-t-il souligné. Il a ajouté que les résistances observées vis-à-vis du changement ne sont pas l’expression du refus des réformes par les uns ou les autres. Bon nombre de membres du corps militaire, a-t-il noté, ont exprimé des réserves à l’égard des réformes initiées parce qu’ils voulaient plutôt obtenir de la lumière pour savoir « où celles-ci veulent les mener  ». La multiplication des campagnes d’explication par des « causeries morales  » aura eu le mérite d’apaiser certaines inquiétudes en éclairant l’opinion militaire sur la nécessité de partager une vision commune dans le processus d’édification d’une armée républicaine. Aujourd’hui, a-t-il conclu, la FDN évolue sur une bonne piste qui laisse transparaître un sentiment d’optimisme au niveau de la « construction  » d’une vision commune entre les membres de la communauté militaire burundaise.

 

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