ONU : Haro ? l’esclavage moderne

mercredi 1er septembre 2010,par Jean Bosco Nzosaba

Les Nations Unies ont lancé mardi un plan d’action mondial de lutte contre la traite des êtres humains et appelé les gouvernements du monde entier à prendre des mesures coordonnées et cohérentes pour vaincre ce fléau. Lancé lors d’une réunion de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, ce plan prévoit l’intégration de la lutte contre la traite des êtres humains dans plusieurs programmes de l’ONU. L’Assemblée générale a également appelé à la création d’un Fonds de contributions volontaires pour venir en aide aux victimes de la traite, en particulier les femmes et les enfants. Intervenant en ouverture de la réunion, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé que ce plan d’action mondial était « un appel vibrant  » lancé aux États Membres, aux organisations internationales et aux groupes issus de la société civile sur la nécessité de prendre des mesures immédiates « pour faire cesser ce crime terrible contre la dignité humaine, qui nous fait honte à tous  ». Selon l’ONU, plus de 2,4 millions de personnes sont actuellement exploitées, victimes de personnes ou d’organisations qui pratiquent la traite d’êtres humains. « C’est de l’esclavage moderne  », a souligné Ban Ki-moon dans sa déclaration. « Chaque année, des milliers de personnes, principalement des femmes et des enfants, sont exploitées par des criminels qui les utilisent pour le travail forcé ou le commerce du sexe. Aucun pays n’est à l’abri. Presque tous y jouent un rôle. Soit comme un réservoir de personnes, soit comme un point de transit, soit comme une destination  », a-t-il ajouté. Le Secrétaire général a également appelé les pays et les donateurs privés à contribuer généreusement au Fonds de contributions volontaires pour les victimes de la traite que l’ONU entend créer. « Ce fonds vise à aider les gouvernements, les organisations intergouvernementales et les organisations non gouvernementales (ONG) à disposer de moyens financiers pour offrir aux victimes la protection et le soutien dont elles ont besoin pour leur rétablissement physique, psychologique et social. Après avoir été exploitées et maltraitées, ces personnes vulnérables ne devraient en aucun cas être punis  », a poursuivit Ban Ki-moon. Le plan d’action mondial de l’ONU, qui met l’accent sur la prévention de la traite des êtres humains, la poursuite des criminels à l’origine de ces pratiques et la protection des victimes, met aussi en avant l’importance de disposer de données précises sur le trafic d’être humain, via des recherches, des statistiques et des analyses sur ce problème. « Nous devons améliorer notre connaissance et notre compréhension de ce crime si nous voulons prendre des décisions politiques efficaces et procéder à des interventions ciblées  », a encore ajouté le Secrétaire général, devant les Etats Membres. Pour lui, la seule manière de lutter contre la traite des êtres humains est de renforcer les partenariats entre les États, les organisations internationales et non gouvernementales et les programmes lancés par l’ONU, comme l’Initiative mondiale des Nations Unies contre la traite des êtres humains (UN-GIFT) lancée au début de 2007. Dans son allocution devant les Etats Membres, le Président de l’Assemblée générale, Ali Treki a lui aussi rappelé les violations des droits de l’homme que constituait la traite des êtres humains, pour mieux souligner ensuite l’importance de la lutte à engager. « Les enlèvements, la coercition, le trafic à travers les frontières nationales et internationales, l’obligation faites à des femmes et des enfants de se livrer au commerce du sexe, la servitude ? tout ça ne doit pas être acceptée dans le monde d’aujourd’hui  », a-t-il insisté. « A mesure que ce crime odieux prospère, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont dépossédés de leur sécurité, de leur liberté et leur dignité. La traite des êtres humains ravage les familles et déchire des communautés. Avant que l’histoire nous le rappelle, nous ne pouvons pas faire du temps présent, la période au cours de laquelle communauté internationale savait mais n’a pas agi  ». Viols de masse en RDC : l’ONU appelle à la fin de l’impunité 31 août 2010 – Les viols sauvages de masse sur des civils perpétrés par des groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) montrent une fois de plus la nécessité de mettre un terme à l’impunité qui prévaut pour les auteurs de ces crimes, a insisté mardi la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les violences sexuelles dans les confits, Margot Wallström. A l’occasion d’une conférence de presse au siège de l’Onu, à new York, elle est revenue sur les viols de 154 civils, entre 30 Juillet et le 2 août, dans 13 villages de la province de Banamukira, dans le Nord-Kivu. Les assaillants ayant bloqué un tronçon de 21 kilomètres de route, empêchant les villageois de communiquer avec l’extérieur pour demander de l’aide. « Vous ne pouvez pas avoir une politique de tolérance zéro, soutenu par zéro conséquences  », a-t-elle estimé, appelant le gouvernement de la RDC à transcrire ses politiques de lutte contre la violence sexuelle dans les faits, avec des « conséquences cohérentes et visibles  » pour les auteurs de tels crimes. « Tant que les violeurs sont toujours en fuite, ils tiennent toute la réputation de la RDC en otage  », a-t-elle ajoutée. Pour Margot Wallström, ces viols collectifs montrent que les violences sexuelles « ne sont jamais un hasard, un fait culturel ou des actes inévitables  ». « Les viols systématiques sont planifiés et donc évitables, et ces viols dans le Nord-Kivu mettent en évidence le fait que la paix et la stabilité ne peuvent pas être consolidés en RDC tant que la sécurité des femmes n’est pas assurée  », a-t-elle poursuivit. Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), plus de 9.000 cas de viols ont été signalés l’an dernier, rien que dans le Nord et le Sud Kivu où de nombreux cas ne sont également pas signalés. Margot Wallström a donné plusieurs directions pour s’attaquer au problème de la violence sexuelle en RDC. « Les auteurs doivent d’abord être tenus responsables, dans la mesure où la question des violences sexuelles est aujourd’hui au sommet de l’ordre du jour tant de la Cour pénale internationale (CPI) que du Conseil de sécurité de l’ONU  », a-t-elle expliqué. « Le temps où la violence sexuelle était tolérée, considéré comme le résultat de la guerre est révolu  », a-t-elle insisté, rappelant que l’ancien chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba Gombo était poursuivi aujourd’hui devant la CPI pour crimes de guerre, incluant des viols. Elle a ensuite estimé que l’autre élément clé de la lutte contre ces violences sexuelles résidait dans l’amélioration de la réponse de l’ONU à de tels drames. « La RDC a développé une stratégie conjointe Gouvernement-Nations Unies pour la lutte contre la violence sexuelle, mais les efforts pour la mettre en œuvre doit être renforcés  », a-t-elle souligné. La Représentante spéciale a également rappelé que si les casques bleus déployés sur le terrain étaient les premiers à pouvoir porter assistance aux survivants de tels actes, ils devaient « aussi être prêts à réagir à des cas de violences sexuelles autant qu’ils le sont pour des interventions militaires conventionnelles  ». Margot Wallström a toutefois exprimé sa crainte devant le souhait du gouvernement de RDC de voir les forces de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO) se retirer du pays. « Nous sommes appelés à faire davantage, avec en même temps moins de soldats de la paix  », a-t-elle regretté, avant de souligner qu’au moment des récentes attaques du Nord-Kivu, 80 casques bleus étaient chargé de sécuriser une zone de plus de 300 kilomètres carrés. Même s’il est « tout simplement pas réaliste  » pour les casques bleus de protéger toutes les femmes dans l’est de la RDC, « l’ONU cherche de nouveaux moyens de renforcer les politiques déjà en place, y compris les systèmes d’alerte précoce, les programmes d’appel de détresse et les patrouilles  », a encore précisé Margot Wallström. Pour conclure, elle a indiqué que l’un de ses proches collaborateurs était actuellement sur place, aux côtés du numéro deux du Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Atul Khare, pour « faire la lumière sur les circonstances ayant entouré ces événements et évaluer comment l’ONU pourrait faire davantage pour assurer une meilleure protection des civils  ». Personnes handicapées : comment répondre à leurs besoins en temps de crise ? 31 août 2010 – Mercredi s’ouvre au siège de l’ONU, à New York, la troisième Conférence des Etats-parties à la Convention relatives aux droits des personnes handicapées entré en vigueur en mai 2008, qui se focalisera sur les besoins des personnes handicapées dans les situations de catastrophes et d’urgences humanitaires. « Les conséquences des handicaps prennent encore plus d’importance pendant les conflits et les catastrophes. Dans les situations d’urgence, les handicapés sont dans une situation de vulnérabilité extrême. Il ont plus de difficultés à satisfaire leurs besoins en période de crise et de pénurie de ressources  », a rappelé le Directrice du Secrétariat de la Convention, Akiko Ito, à la veille de l’ouverture de la conférence. Au cœur de la conférence qui va durer trois jours, une table ronde est organisée en partenariat avec l’Alliance internationale des personnes handicapées, pour passer en revue les problèmes qui se présentent aux personnes handicapées dans les conflits armés et lors de catastrophes naturelles, comme le récent tremblement de terre en Haïti ou les inondations au Pakistan. Les participants discuteront également des moyens de s’assurer que les personnes handicapées sont pleinement prises en charge en cas d’urgence, et intégrées ensuite dans la vie de leurs communautés, notamment avec un accès à m’éducation pour les plus jeunes. Signée jusqu’à présent par 146 pays et ratifiée par 90 d’entre eux, la Convention relatives aux droits des personnes handicapées est l’aboutissement de longues années d’efforts internationaux pour garantir que les droits des quelques 650 millions de personnes handicapées dans le monde sont garantis et protégés. Le texte affirme le droit à l’éducation, la santé, le travail, des conditions de vie adéquates, la liberté de circulation, la liberté de l’exploitation et l’égalité devant la loi de toutes les personnes handicapées. Lors de la Conférence des Etats-parties, la Commission sur les droits des personnes handicapées chargée d’examiner les rapports périodiques des États-parties devrait voir sa composition élargi de 12 à 18 membres.

 

Copright © Observatoire de l'Action Gouvernementale (OAG)