Etat des lieux du financement de l’ ?ducation pour tous (EPT) au Burundi par le Royaume de Belgique (2005-2008)

lundi 30 août 2010,par Jean Bosco Nzosaba

Comme la plupart des pays du monde, le Burundi a souscrit aux décisions prises lors du Forum Mondial de Dakar de 2000 qui a établi des engagements que chaque participant devait avoir mis en application en 2015 pour l’Education Pour Tous (EPT). Ces engagements s’inscrivent dans une philosophie de « droits et de dignité de la personne humaine  », philosophie qui a été développée depuis un certain temps et dont le fil conducteur apparaît dans plusieurs documents qui ont été élaborés par la communauté internationale avant le sommet de Dakar de 2000.

Suite ou parallèlement à cette souscription, le gouvernement du Burundi a élaboré et adopté certains textes dont la mise en application devrait mener aux engagements pris. Parmi ces textes les plus importants sont : ­ La « Lettre de Politique pour le Secteur de l’Education et de la Formation  » -LPSEF- lettre adoptée par le Conseil des Ministres en sa séance du 06/12/2006 ­ Le Plan Sectoriel de Développement de l’Education et de la Formation (2009-2016) –PSDEF-, plan adopté par le Conseil des Ministres le 10 octobre 2009 ­ Le Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté –CSLP 2006-2011– de Septembre 2006 ­ L’Etude Nationale Prospective Burundi 2025 de décembre 2007 qui est encore en train d’être finalisée, étude communément connue sous l’appellation « Burundi, Vision 2025  » Une synthèse combinée à quelques commentaires de ces documents est faite au niveau de leur contenu lié aux engagements pris à Dakar.

En vue de mettre en application les engagements pris à Dakar, et conformément aux engagements pris les pays riches à ce même Forum, et compte tenu de la limite de ses moyens propres, le Burundi a sollicité l’appui du Royaume de Belgique, son plus grand bailleur de fonds bilatéral traditionnel, pour réaliser certaines actions visant à réaliser l’EPT pour 2015.

Un passage en revue des fonds donnés par le Royaume de Belgique dans ce secteur est fait pour la période 2005-2008. On découvre alors avec un certain désarroi que, bien que le Royaume de Belgique ait, pendant cette période, appuyé pas mal d’actions visant l’EPT au Burundi, ce dernier n’a jamais préparé un plan d’action pour cette EPT, plan d’action qui aurait pu être soumis aux bailleurs, dont la Belgique entre autres. L’étude constate alors que sans plan(s) d’actions préalablement établi(s) et lui soumis (entièrement ou partiellement), il est difficile de juger l’appui qui a été apporté par le Royaume de Belgique dans la réalisation de l’EPT.

Ce manque de plan(s) d’actions pour la réalisation de l’EPT est sans doute une des causes principales qui fait que, de l’avis de certaines personnes interviewées, l’échéance de 2015 risque d’être reculée.

L’étude relève quelques défis qui justement font que la réalisation de l’EPT en 2015 est peu probable. Les défis épinglés sont de trois ordres : le problème de gouvernance au sens large du terme (dont ce manque de plan d’action entre autres), le problème des moyens financiers et celui des moyens humains.

L’étude se termine par une petite conclusion et des recommandations. En guise de conclusion, il est rappelé que :

­ L’EPT n’est pas une fin en soi, fin qui serait imposée de l’extérieur, mais que c’est avant tout un moyen d’arriver à un développement durable ; ­ Le Royaume de Belgique a soutenu des actions visant l’EPT même si une demande explicite coulée dans un plan d’action de réalisation de l’EPT ne lui avait pas été soumise. ­ Dans la réalisation de ces actions par l’Aide Publique Belge au Développement les principes de transparence et de traçabilité des fonds ainsi alloués ont été respectés.

Pour justement réaliser le pari de l’EPT en 2015, des recommandations sont enfin formulées à l’endroit du gouvernement, aux autres intervenants intérieurs, aux bailleurs de fonds en général et au Royaume de Belgique spécifiquement. Les principales recommandations sont listées ci-après.

Recommandations au gouvernement du Burundi

­ Faire tout ce qui est en son pouvoir pour respecter au minimum l’échéance de 2015 pour réaliser les objectifs de l’EPT au Burundi. ­ Veiller aujourd’hui plus qu’hier à implanter une vraie bonne gouvernance dans tous les aspects du terme, et à tous les échelons, en particulier au niveau de la planification, des recrutements, du bon usage des ressources humaines et financières, etc. ­ Recourir à une planification prospective au lieu de faire un pilotage à vue ­ Renforcer le Bureau de Planification de l’Education en ressources humaines et matérielles pour qu’il puisse correctement s’acquitter de sa mission de « planificateur  » ­ Elaborer et mettre en œuvre un plan de mobilisation des ressources en faveur de l’EPT. ­ Impliquer dans l’EPT tous les partenaires nationaux potentiels dans l’appropriation et la mise en œuvre des plans d’actions de l’EPT pour 2015. ­ Intéresser le secteur privé un peu plus à investir de façon plus soutenue dans l’EPT, entre autres en lui accordant certains avantages ­ Prendre toutes les initiatives nécessaires pour faire avancer rapidement l’allégement des procédures de décaissement des fonds du FCE ­ Aller plus loin que les engagements du Forum de Dakar en viser carrément la suppression de l’analphabétisme au Burundi et en faisant tout pour que à ce qui est considéré comme « enseignement de base  » et qui sera donc obligatoire et gratuit, on ajoute une prolongation de 3 ou 4 ans à l’école secondaire, que celle-ci soit classique, technique ou professionnelle.

Recommandations aux autres intervenants intérieurs

­ S’impliquer d’avantage dans la réalisation des objectifs de l’EPT pour 2015 Pour l’administration locale : o Mobiliser la population pour qu’elle apporte sa contribution à l’EPT, qu’elle soit sous forme de main d’œuvre, d’apport de matériaux locaux de construction ou sous forme financière. Pour les communautés religieuses :

o Revenir volontairement sur le principe qui était en vigueur sous un des régimes précédents, à savoir que la construction d’une Eglise devait s’accompagner d’une construction d’une école primaire.

Recommandations aux bailleurs de fonds en général

­ « Aider  » le Burundi à avoir une meilleure gouvernance en vue entre autres de réaliser son EPT avec efficacité et efficience. ­ Ne pas « laisser tomber  » le Burundi mais l’aider à réaliser son EPT, même si des problèmes de déficience en gouvernance persistent. ­ Emboîter le pas au Royaume de Belgique et aider le Burundi à réaliser son EPT (recommandation adressée aux bailleurs de fonds autre que le Royaume de Belgique en particulier ceux qui ont souscrit aux engagements du Forum Mondial de Dakar de 2000) ­ Recourir aux experts nationaux et ne faire appel aux internationaux que s’il n’y pas de compétences locales pouvant faire le même travail dans la réalisation de l’EPT

Recommandations spécifiques au Royaume de Belgique

­ Continuer à aider le Burundi et à l’accompagner pour qu’il puisse réaliser les objectifs de l’EPT en 2015 ­ Appuyer le Burundi dans la mobilisation des autres bailleurs de fonds

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